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Que faire en cas de maltraitance des personnes âgées en EHPAD ou en maison de retraite ? Comment le signaler ?

En 2017 paraissait une étude commanditée par le Ministère des Solidarités et de la Santé qui indiquait que les établissements d’hébergement pour personnes âgées, dépendantes ou non, accueillaient  728.000 résidents en 2015 (vous pouvez la consulter ici).

Régulièrement les médias attirent notre attention sur des scandales qui affectent les EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes). Cela ne peut nous laisser indifférents car nous sommes tous concernés, soit parce que nous avons un parent âgé résident en établissement, soit parce que nous nous projetons dans l’avenir et nous serons un jour vieux, puis très vieux. Le dicton qui veut qu’une société se juge à la manière dont elle traite ses anciens prend ici tout son sens.

Une enquête menée par l’association Retraite Advisor dresse un bilan inquiétant pour ce qui concerne la qualité de vie des résidents en EHPAD. En effet notés sur 10 à partir de 12 critères, 46% d’entre eux n’obtiennent pas la moyenne et 33% de ces établissements sont considérés comme dangereux pour les résidents, on parle alors de maltraitance.

Comment se définit la maltraitance en établissement pour personnes âgées, comment la repérer et la signaler, autant de questions auxquelles nous allons vous apporter des réponses au long de cet article.






La maltraitance en EHPAD, qu’est-ce que c’est ?

Par définition, une personne âgée est vulnérable. Elle est souvent isolée socialement parlant, fragile et peut souffrir de nombreux handicaps. La maltraitance en institution est encore un phénomène sous-estimé, voire tabou, et difficile à appréhender du fait de sa complexité.

Les formes que peut prendre la maltraitance vont de la négligence ou incompétence des personnels soignants à la violence ciblée avec intention de nuire.

Les pouvoirs publics se sont saisis de cette question tant au niveau des Nations-Unies que de l’Europe ainsi que de l’État français qui est le garant de la protection des personnes vulnérables.

En 1987, le Conseil de L’Europe a proposé une définition de la maltraitance des personnes âgées qui se “caractérise par tout acte de négligence ou omission commis par une personne, s’il porte atteinte à la vie, à l’intégrité corporelle ou psychique, à la liberté d’une autre personne ou compromet gravement le développement de sa personnalité et/ou nuit à la sécurité financière.”

Cette définition a été complétée d’une classification des maltraitances contre les personnes âgées. Les violences peuvent être :

  • Physiques : Elles se traduisent par différents sévices, coups, brûlures, contraintes physiques, soins brutaux sans explications, absence de satisfaction des demandes pour des besoins fondamentaux comme la faim, la soif, l’élimination…
  • Psychiques ou morales :Elles se traduisent par des injures, un langage irrespectueux, des menaces, des privations de visites, des humiliations, un comportement d’infantilisation, du harcèlement…
  • Financières : Il peut s’agir de vols, escroqueries, exigence de pourboires, procurations abusives, héritages forcés…
  • Médicales : Elles se traduisent par des défauts de soins, une privation ou un excès de médicaments, des abus de traitements sédatifs ou neuroleptiques, la non prise en charge d’une douleur…
  • Civiques : On parle ici de limitation de la liberté de la personne, de la privation par exemple de son droit de vote ou encore d’une mise sous tutelle abusive…

Outre ces violences on distingue également les négligences qui peuvent être :

  • Actives : Ce sont des négligences intentionnelles avec volonté de nuire
  • Passives : Ces négligences sont non intentionnelles et sans volonté de nuire. Le plus souvent elles sont liées à l’ignorance, l’inattention ou encore le manque de personnel

Il est toutefois important de rappeler que 82% des cas de maltraitances avérées le sont dans les familles et non en établissement socio-sanitaire.

Néanmoins quelques exemples concrets pourront illustrer les maltraitances EHPAD ou maison de retraite dont peuvent souffrir les personnes âgées.

Par exemple, ce monsieur qui a un fort caractère, râleur parfois, décide de ne pas manger ou de ne pas se lever. Le personnel en profite pour battre en retraite et ce monsieur finit par être dénutri, perdre sa musculature et n’être plus en mesure de se déplacer.

Une autre maltraitance consiste à servir aux résidents des aliments trop ou pas assez cuits ce qui occasionnent de grandes difficultés aux personnes dont la dentition n’est plus aussi performante. Le personnel conclut alors que les assiettes non terminées témoignent d’une nourriture trop abondante et réduisent les quantités.

Un autre exemple concerne l’hygiène, les familles témoignent du nombre de douches trop réduit, une douche tous les 15 jours dans certains établissements, ou encore elles dénoncent le nombre de “changes” limité par jour et si un résident a atteint son quota journalier il restera avec sa protection souillée.

On pourrait multiplier ces exemples de maltraitances, parfois scandaleuses, révoltantes, parfois simplement dues à un manque de moyens et de formation. Si vous le souhaitez, consultez également l’article sur l’abus de faiblesse.



Comment identifier la maltraitance des personnes âgées ?

Vous rendez visite à un proche résident en maison de retraite ou en EHPAD et vous vous demandez si tout est normal, si la situation est conforme à ce qu’elle devrait être. Ou bien vous-même, en tant que personne âgée, vous pensez être victime de maltraitance.

Dans ce cas, il est important de pouvoir évaluer la situation afin de conclure ou non à une situation de maltraitance. Il en va de même si vous intervenez professionnellement en institution pour personnes âgées, il peut vous arriver de soupçonner une situation de maltraitance.

Pour le vérifier, une association québécoise “RIVTEL” a élaboré un test qui a pour mission de vous aider à savoir si les scènes que vous vivez en tant que personne âgée en institution ou que vous décrivez en tant que témoin s’apparentent vraiment à de la maltraitance de personnes âgées.

Il s’agit d’un questionnaire assez complet qui permet de connaître et reconnaître les abus les plus fréquents. Il s’appuie sur l’analyse de 196 situations réelles de maltraitance de personnes âgées.

 

 

Plusieurs indicateurs sont à prendre en compte pour évaluer les risques qu’une personne âgée soit victime de violences ou de négligences.

Les premières questions du test concernent le profil de la victime supposée. En fonction des réponses que vous avez données, un nombre de points vous est attribué qui vous indique le niveau de risque que la personne âgée puisse être une victime.

Une autre partie du questionnaire évalue les indices fournis par le comportement de la victime potentielle. La personne présente-t-elle des symptômes de dépression, paraît-elle effrayée ou méfiante? Elle présente une perte de poids inexpliquée, elle dit qu’il lui manque de l’argent…

Ce questionnaire est un outil qui vous aidera à évaluer le risque que vous vivez ou êtes témoin d’une situation de maltraitance.

Notre conseil : fiez-vous à votre intuition et vérifiez si vous avez raison de vous inquiéter en vous basant sur le questionnaire du RIVTEL.

 

EHPAD et maltraitance : Comment le signaler ? A qui s’adresser ?

Que vous soyez victime, proche ou intervenant, il est important de ne pas rester seul devant une situation de maltraitance de personne âgée en institution car votre devoir est de la signaler.

 

Numéro d’écoute contre la maltraitance institutionnelle

En tout premier lieu nous vous conseillons d’appeler la plate-forme nationale d’écoute contre la maltraitance des personnes âgées :

  • Téléphone : 39 77 (prix d’un appel local)
  • Horaire d’ouverture : Du lundi au vendredi de 9H00 à 19H00

Ce dispositif a été mis en place pour le public mais aussi pour les professionnels. Vous pourrez y présenter la situation qui vous inquiète. Des écoutants sauront accueillir votre parole sans jugement et pourront vous conseiller sur les démarches à entreprendre.

 

Un site internet pour s’informer sur la maltraitance des personnes âgées

Cette plate-forme d’écoute est un des services proposés par la Fédération 39 77 qui dispose également d’un site internet.

Outre une présentation et un historique de la Fédération 39 77, le site propose nombre d’informations utiles pour reconnaître une situation de maltraitance en EHPAD.

Il vous y est indiqué que la première chose à faire est d’informer de la situation :

  • La hiérarchie de l’établissement
  • La préfecture de police ou le procureur de la république selon la situation

Important : Ne pas dénoncer une situation de maltraitance dont on a connaissance est passible d’une peine de 3 ans de prison et de 45 000 euros d’amende.

Il est également essentiel de savoir qu’un agent de maison de retraite ou d’EHPAD qui signale de la maltraitance dans son établissement ne peut en aucun cas être sanctionné pour ce fait.

De la même façon, et parce que le signalement de la maltraitance des personnes âgées est une obligation, le secret médical est levé en cas de violences ou négligences (article 226-13 du Code Pénal). Les personnels de santé ne sauraient donc être sanctionnés au titre de la violation du secret médical auquel ils sont soumis.

La situation évolue : Le 28 mars 2019, le rapport de la concertation sur “Grand âge et autonomie” a été remis à la Ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn. Il y est question de passer de la gestion de la dépendance au soutien à l’autonomie, et du constat de maltraitance à la promotion de la bientraitance dans l’accompagnement des personnes âgées.

Des propositions sont avancées, elles concernent notamment une augmentation de budget et des créations de postes dans les EHPAD et maisons de retraite.




Crédit photo : © mrmohock / Adobe

  1. Maman est décédée en 2011 en Ephad à Divonnes les Bains dans l’Ain, vous me direz il y a prescription, mais je souhaite en parler car cela peut servir aux résidents actuels. Elle est morte de faim, de désespoir et de mauvais traitements., quand je me suis rendu compte de ce qu’elle vivait j’ai voulu l’amener vers une maison de retraite près de chez moi, je ne pouvais la prendre à la maison hélas car j’étais gravement malade à l’époque, mais elle est décédée juste avant son transfert.je m’étais adressée aux services sociaux mais ils étaient impuissants car la maison de retraite était même passée à la télé 2 fois pour accusation de mauvais traitements et pourtant rien n’avait changé. J’habitais à 600kms et venais tous les trimestres en surprise et j’ai été témoin de comportements inacceptables maman avait terriblement maigri, il disait qu’elle était Alzeimer,parce qu’elle les avait giflé mais c’était faux elle avait toute sa tête et ses souvenirs étaient parfaits aussi bien la mémoire du passé que de ce qu’elle avait fait dans les jours et heures précédents, elle s’était seulement défendue face à des gestes maltraitants, je pourrais en dire pendant une heure sans arrêter, si je témoigne c’est que je n’ai pas eu la possibilité de le faire à l’époque, j’ai 11 ans plus tard toujours autant de chagrin face à cette aberration et voudrais que cette maison de retraite soit surveillée de près

  2. Bonjour, suite au décès de mon pere dans l’EHPAD de Clion sur Indre, j’ai demandé des comptes sur le traitement médicamenteux, l’absence d’infos sur sa dégradation et l’appel quelques heures avant sa mort pour me demander comment l’habiller pour ses obséques sans oublier la lettre officielle de condoléances avec …… un signe religieux. Lettre restée sans réponse. J’ai relancé et toujours rien. Comment obtenir des réponses sur ce qui me semble des dysfonctionnements ayant accéléré son décès puisque depuis fin set, l’Ehpad considérait qu’il était mourant; il est effectivement décédé fin novembre. Merci de vos réponses. J’ai transmis à l’ARS copie de mes messages mais là aussi, aucune réponse. Cela ressemble à une omerta.

    • je viens de perdre ma mère qui etait également en epad.

      Je suis tout a fait d’accord avec vous lorsque vous dite qu’ils accélèrent le processus de fin de vie.
      Ma mère n’avait aucune pathologie maladive si ce n’est le peu de vieillissement du cerveau et une poche pour les selles (thecnicité). Elle ne participait a aucune activité car elle pensait sortir rapidement de cette maison tueuse de résidents.
      ils etaient brutes avec elle lors de sa toilette, passaient de l’eau glacée a l’eau très chaude, bref, une horreur.
      Ils venaient la chercher pour manger dans le réfectoir que lorsqu’ils y pensaient, si bien que maman avait perdu 7 kilos en peu de temps. Une petite amélioration avait été observée suite a une réclamation auprès de la direction. Mais toujours un service superficiel.
      De ce fait ils l’ont descendu dans le service alsheimer , ou là ils s’en occupaient mieux, elle mangeait bien, elle était propre et bien habillée, mais le seul problème c’est que n’ayant pas cette maladie, les personnes ayant cette maladie se promenaient dans les chambres et les couloirs et cela la fatiguait.
      Ils l’ont remonté à l’étage en septembre, ou elle avait perdu ces 7 kilos,
      En octobre, étant donnee le nombre de contaminés COVID augmentant, les visites ont étés interdites pendant un mois.
      Et, là a partir de ce moment , ils ne la nourrissaient pas comme il le fallait et de ce fait elle a perdu 10kg en 1 mois et très très assoiffée car deshydratée.
      Quand ma soeur est arrivée dans la chambre de maman après ce mois de confinement, ne reconnaissant pas maman tellement elle avait maigri, elle pensait s’ètre trompée de chambre, de plus, maman, était blessée a la tète (un trou dans la tète) tous un cote de la tète au pied était noir, tuméfié et elle souffrait. Ils ne lui ont meme pas fait passer une radio ou un scanner pour voir si il n’y avait pas de dégats internes.
      Mais depuis sa chute, elle n’ouvrait plus ou presque plus les yeux et ne s’exprimait plus.
      Ma soeur a appeler plusieurs fois les infirmiers pour en savoir plus sur l’état de santé de maman, et ils l’ont informe que le docteur traitant avait dit qu’il n’était pas nécessaire de la perfuser (cela faisait 2 mois qu’on lui avait demander de la perfuser car nous avions constater une grande deshydratation).
      Vendredi, maman nous a quitte apres avoir subi toutes ses actions de négligences volontaires donc de la maltraitance pshycologique .
      Aujourdhui, outre la peine que je peux éprouver, j’ai une grande colère car je me dis que normalement les employés de ces structures ont choisi ce travail pour venir en aide et choyer les personnes agées pour la plupart dépendantes de ces employés. Mais non, ce sont des pourritures , sans humanité….
      Il faut que ces personnes n’oublient pas, qu’elles vieilliront aussi …..
      Ma soeur veut écrire à l’ARS, mais compte tenue de ce que vous dites, ce sera peut ètre peine perdue

      • Bonsoir, d’abord je vous souhaite plein de courage dans ces moments complexes de peine et de colère. J’ai eu une réponse de l’EHPAD qui globalement n’a rien à se reprocher….. Je crois qu’il ne reste que les médias locaux ou plus. L’omerta sur les maltraitances est renforcée par la pandémie. Je pense que l’organisation du travail avec des effectifs mal formés et insuffisants permet ces comportements inhumains. Les directions d’ehpad font avec car ils n’ont pas le courage de contrôler, d’exiger, d’accompagner voire de sanctionner si nécessaire. Ils font de la gestion administrative; le médecin affecté à l’EHPAD n’est pas trés soucieux du bien être de ses patients. Seuls les regards extérieurs comme la famille peuvent bousculer la situation.

      • Je lance une bouteille à la mer … Nous subissons ma sœur et moi de la malveillance , ma sœur est en Ehpad , elle y est rentrée en deambulateur avec une bonne autonomie , à ce jour elle est condamnée depuis 2020 au fauteuil roulant et verticalisateur ainsi que déplacement en allongé pour rendez-vous médicaux et bien sûr on lui a imposé des protections , étant malheureusement déficiente mentale majeure , ils ont bien abusé de la situation et je ne sais vers qui me tourner pour être écoutée et entendue , nous sommes dans une très grande souffrance , elle n’est âgée que de 67 ans mais ils s’en occupent comme une personne très âgée et ne sont pas à son écoute, qui pourrait m’orienter , merci pour vos réponses Cordialement

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